Le RTC ou Réseau Téléphonique Commuté est une technologie de téléphonie déployée dans les années 70-80. Celle-ci nécessitait seulement un téléphone raccordé par un câble dans la prise fournie par France Télécom.
Dans un premier temps, nous verrons que plus aucune ligne en RTC n’est créée depuis plusieurs mois. La fin du RTC étant déjà programmée, sa mise en place implique plusieurs problématiques sur les matériels d’alarmes actuels. Dans une seconde partie, nous présenterons les solutions de substitutions. Ces dernières n’apportent pas forcément la même garantie de service et les mêmes avantages technologiques. Il est donc nécessaire de rappeler les obligations des professionnels en la matière et la rédaction d’un livre blanc.
Fin du RTC : une réalité géographique
Le 26 octobre 2018, l’opérateur historique Orange a confirmé le plan d’abandon du Réseau Téléphonique Commuté (ou téléphone analogique) par « plaques » géographiques. Ce plan a défini les premières zones concernées : Charente-Maritime, Haute-Garonne, Haute-Loire, Morbihan, Nord, Seine-et-Marne, Vendée.
Le planning diffusé jusqu’ici doit être à recaler en application du délai d’annonce de 5 ans : la fin du RTC débutera en 2023 pour la première plaque.
Le site de la Fédération Française des télécoms reprend point par point les phases de la fin du RTC.
Impacts sur la transmission des alarmes
Pour des raisons historiques, la plus grande partie des sites sous alarme est raccordée en RTC.
Les banques sont aujourd’hui raccordées en IP (souvent secouru par une ligne RTC).
Les nouvelles installations de particuliers se font maintenant en IP.
Selon Orange, l’utilisation des lignes téléphoniques pour les transmissions d’alarme représente environ 12% des lignes téléphoniques. Un chiffre impressionnant qui démontre que la fin du RTC va impacter un très grand nombre de particuliers, professionnels et autres institutions.
On estime que ces parcs professionnels et particuliers ont des temps de renouvellement respectifs de 10 ans et de plus de 20 ans.
La technologie existante avait de nombreux avantages et les matériels développés ont exploité les particularités de la liaison analogique.
L’indépendance par rapport à l’alimentation électrique
Elle fonctionne sans avoir besoin d’une alimentation locale. Seul le modem interne à la centrale doit être alimenté.
La détection de défaut de ligne
La coupure de ligne est détectée localement à moindre frais, simplement par l’absence de 48V.
Les fonctions d’écoute/interpellation
Elle est naturellement adaptée à la levée de doute audio et à l’interpellation.
(Cette application tend à s’effacer avec la montée en puissance de la levée de doute vidéo via l’ADSL).
Les garanties contractuelles de service
Elle est bien caractérisée pour le transport des codes en fréquences vocales. Les modems réutilisent le codage DTMF (Dual Tone Multi Frequency) et les composants spécifiques associés, initialement développés pour la numérotation.
Fin du RTC : Les modes de transmission de substitution
En fonction du matériel en place et des besoins il est possible de trouver les moyens de substitution pour palier à la fin du RTC. Mais il faut prendre en compte les avantages mais surtout les inconvénients de chaque transmission de substitution.
Pour chaque mode il faut bien comprendre qu’il y a des avantages mais surtout des inconvénients.
Il faut bien prendre en compte les éléments de contrôles et surtout les contraintes associées.
Voici quelques solutions de substitution avec leurs avantages et inconvénients.
GSM (canal de communication voix)
Contrôles
Abonnement auprès d’un opérateur acceptant ce type d’usage
Qualité de transmission vocal suffisante
Programmation du n° d’appel
Paramétrage des tests cycliques
Émission d’un test manuel et acquittement par la station
CGV autorisent mise en place carte sim dans alarme
CGV autorisent utilisation de numéro SVA
Contraintes
Compatibilité du protocole de transmission
Couverture dépendante de l’opérateur (zones blanches)
Débit utile limité (~10 kb/s)
Support lié à l’opérateur et doit être changer en cas de changement d’opérateur
Le support est un consommable qui peut tomber en panne
DATA MOBILE (GPRS 3G 4G 5G)
Contrôles
Abonnement auprès d’un opérateur
Qualité de service suffisante (QoS)
Adressage des interfaces
Paramétrage des paquets de surveillance
Sécurité du terminal
Choix du mode de transmission et voir la limite de vie de la technologie auprès de l’ARCEP et la FFT
Contraintes
Couverture hertzienne dépendante de l’opérateur (zones blanches)
Débit utile 9,05 kb/s (mode CS-1)
Incertitude dès 2016 sur la pérennité de la norme du service (évolutions annoncées dans le contexte UMTS)
Support lié à l’opérateur et doit être changé en cas de changement d’opérateur
Peut tomber en panne
VoIP / ADSL ou câble
Contrôles
Abonnement auprès d’un opérateur
Programmation du n° d’appel
Paramétrage des tests cycliques
Émission d’un test manuel et acquittement par la station
Contraintes
Câblage filaire, box éventuellement éloignée
Eligibilité ADSL (suivant support)
Box compatible DTMF sur VoIP
Alimentation de la box externe
Bande passante suffisante pour de la voix sur IP
Utilise le codec G711
Compatible DTMF RAPIDE
Dispositif vulnérable si non protégé
Sécurisation de la connectique
IP / ADSL (ou câble/ fibre)
Contrôles
Abonnement auprès d’un opérateur
Mise en place de l’adressage
Paramétrage des tests cycliques
Émission d’un test manuel et acquittement par la station
Paramétrage des accès autorisés
Contraintes
Câblage filaire
Eligibilité ADSL (suivant support)
Alimentation de la box
Bande passante suffisante pour une transmission IP en fonction du protocole ou de la quantité de données nécessaire à transmettre
Dispositif vulnérable si non protégé
Sécurisation de la connectique
Low-Power WAN (IoT)
Contrôles
Abonnement auprès d’un opérateur (cas de SigFox)
Volumétrie de message journalier et horaire
Programmation du n° d’appel
Paramétrage des tests cycliques
Émission d’un test manuel et acquittement par la station
Contraintes
Zone de couverture (portée d’émission 3 à 15 km)
Débit utile faible : 100 b/s (Sigfox) à 1 kb/s (LoraWan)
L’utilisation d’au moins 2 canaux de communication
Nous constatons que l’utilisation d’un seul vecteur de communication reste risquée.
Il est préférable voir indispensable de secourir le vecteur de communication principal.
Il faut donc prévoir au minimum de canaux de communications que l’on choisi en fonction des avantages et inconvénients de chacun.
Voici quelques exemples de secours possibles :
RTC + secours GSM (canal de communication voix)
VoIP + secours GSM (canal de communication voix)
IP + secours VoIP
IP + secours data mobile (GPRS / 3G/4G/5G)
IP + Low-Power WAN (IoT)
IP + secours data mobile (GPRS / 3G/4G/5G)+ Low-Power WAN (IoT)
Fin du RTC : les aspects juridiques
La protection par systèmes électroniques peut comporter trois sortes de prestations complémentaires, qui sont :
– L’installation et la maintenance du système.
– La télésurveillance.
– L’intervention (ou levée de doute).
Chaque partie a des obligations qui sont : l’obligation de moyens, l’obligation de résultat et l’obligation de conseil.
Il appartient donc au prestataire qui a un contrat en cours avec son client (d’installation, de maintenance ou de télésurveillance) d’informer ce dernier de l’imminence de la fin du RTC ainsi que ses conséquences.
A ce titre, il devra donc proposer au client, les solutions de substitution, mettant en exergue les avantages et inconvénients (limites) et préconiser en sa qualité de sachant, la ou les solutions optimales au regard des caractéristiques du système de son client.
Pour remplir parfaitement son obligation de conseil, l’ensemble des informations et préconisations devront être réalisées par écrit et obtenir l’aval du client pour validation.
Guide CNPP et ADSM
En 2021 le CNPP (organisme certificateur dans le domaine de la sécurité électronique et de la télésurveillance) et l’ADMS (association professionnelle regroupant des sociétés de sécurités au sens large) ont édité le « Guide de bonnes pratiques des installations de systèmes électroniques de sécurité. A destination : des clients, des donneurs d’ordre, des prescripteurs, des installateurs, des mainteneurs et des télésurveilleurs »
Ce guide a pour but de rappeler les bonnes pratiques des installations de systèmes électroniques de sécurité.
Il est à destination des clients, des donneurs d’ordre, des prescripteurs, des installateurs, des mainteneurs, des télésurveilleurs.
Un rappel global des bonnes pratiques est fait que ce soit d’un point de vue technique mais aussi contractuel.
Il démontre aussi l’incidence que peut avoir la fin du RTC dans la chaine globale de sécurité et liste tous les modes de transmission entre une installation de sécurité électronique et une station de télésurveillance.
Ce guide peut être téléchargé sur le site de l’ADMS https://adms-france.fr
Pour plus d’information sur la fin du RTC et sur ce guide vous pouvez contacter M PHILIPPON LEBREC Jordan qui était en charge du groupe de travail sur ce dossier.
0614360770
j.philippon@g-i-p.fr